L’Étinbulle

Abeille : n.f. Insecte hyménoptère social dont certaines sont l’objet d’un élevage (apiculture).

20 000 espèces d’abeille

Il existe près de 20 000 espèces d’abeille dont 1 000 espèces d’abeilles rien qu’en France. Certaines vivent en colonie comme notre Apis Mellifera (l’abeille domestique) mais saviez-vous que la majorité d’entre elle sont solitaires, comme la petite Osmie qui niche dans le bois ou la terre. L’abeille domestique locale d’Europe est l’Apis Mellifera Mellifera, couramment appelée Abeille Noire.

De nos jours, la plupart des ruchers préfèrent travailler avec des abeilles hybrides, sélectionnées pour mieux répondre aux contraintes de l’élevage. En effet les qualités pour survivre dans la nature ne sont pas forcément celles de l’élevage : l’agressivité, qui est un mécanisme de défense naturel n’est pas souhaité en apiculture par exemple. Ainsi l’abeille la plus répandue en apiculture est l’abeille Buckfast croisement d’abeilles noires et d’abeilles italiennes (Apis Mellifera Carnica) produites par insémination des jeunes reines.

Abeille à l’entrée de la ruche

🌻 La reine des pollinisateurs

Toutes, qu’elles soient sociales ou solitaires, sont d’excellentes pollinisatrices. Le corps des abeilles est adapté au travail de pollinisation. Les abeilles récoltent du nectar et du pollen pour elles-mêmes qui s’accrochent sur leurs pattes qui forment de panier de transport tandis que le duvet qui recouvre leur corps accroche d’autres grains qui seront déposés dans les fleurs. En butinant, elles transportent le pollen d’une fleur à l’autre et permettent la reproduction de 250 000 à 300 000 espèces végétales.

Le plus souvent, l’abeille est sérielle : à chaque sortie elle butine un seul type de fleur, la phacélie par exemple, avant de retourner à la ruche ce qui assure une bonne pollinisation croisée de l’espèce choisie. La diversité des abeilles, ainsi que des autres insectes hyménoptères (les guêpes par exemple) couvre l’ensemble des fleurs : à chaque taille, chaque forme son pollinisateur. Par exemple, l’Andrena vaga, petite abeille grise est spécialisée dans la pollinisation des saules et vit préférentiellement dans les prairies humides où ils prolifèrent. La plupart des plantes cultivées pour l’alimentation humaine sont entomogame, c’est-à-dire qu’elles dépendent des insectes pour leur reproduction. Sans elles, ni fruits, ni fleurs !

Apis Mellifera Mellifera

⏳ Le miel, une récolte ancestrale

L’Homme a très tôt été attiré par le miel : une peinture réalisée il y a près de 10 000 ans (site archéologique Cueva de la Arana en Espagne), représente déjà une récolte de miel sauvage. Il ne s’agit pas encore d’élevage mais de collecte de rayons sauvages — pratique encore répandue dans le monde. Le miel, est le premier produit sucrant disponible pour l’alimentation.

La cire est aussi une matière recherchée, elle entre depuis la préhistoire dans la composition de nombreux produits, dans les colles par exemple, et on retrouve régulièrement des traces dans des poteries néolithiques tant au Proche-Orient qu’en Europe.

Dessin  d’une récolte de miel sauvage, site de la Cueva de la Arana

Des scènes d’apiculture — enfumage, récolte du miel — sont représentées sur des bas-reliefs des temples de l’Égypte Antique comme au temple du soleil à Abou Ghorah 24e siècle avant notre ère.

Bas-reliefs du temples de Abou Ghora, Égypte Antique

La pratique apicole est bien documentée dans la Grèce et la Rome Antique. Aristote et Pline ont même écris des traités d’apiculture. Le miel entre dans la composition de très nombreuses recettes (boissons, desserts) et la cire permet entre autre d’étanchéifier des contenants ou de réaliser les tablettes à écrire. Les ruches antiques et médiévales sont en terre cuite ou en vannerie recouverte de terre.

Au Moyen-âge, la forte demande de cire, notamment pour la production de bougie, mène au développement des ruches en planches. La récolte du miel, depuis l’antiquité, repose sur la destruction de l’essaim qui est tué ou chassé de la ruche pour en récolter les produits. Le renouvellement du rucher était assurée soit par de petits essaims gardés en réserve soit par la récupération d’essaims sauvages alors nombreux. Ces pratiques ont perduré jusqu’au début du XIXe siècles et l’invention de la ruche à cadre mobile qui permet de prélever une partie des rayons sans détruire l’ensemble de la ruche.

Différents modèles de ruches à cadre au début du 20e siècle.
L’apiculture pour tous, l’Abbé Warré

📣 Les abeilles sont aujourd’hui très fragilisées

Sensibles aux pesticides, maladies et parasites, elles subissent aussi l’impact du changement climatique (qui dérègle leur horloge interne), et  l’arrivée de nouveaux prédateurs (comme le frelon asiatique introduit en Europe en 2014), la diminution des fleurs sauvages et la disparition de leur habitat naturel.

🎬 Passons à l’action

  • Dans une jardinière ou au jardin, semez des plantes mellifères pour nourrir les abeilles et autres pollinisateurs. À proximité du potager, elles augmenteront l’attrait de vos cultures et vous offriront des belles fleurs odorantes.
  • Au jardin, aménagez des hôtels à insectes qui ont pour intérêt de vous offrir un très beau poste d’observation pour les héberger. Vous pouvez aussi laisser de petits tas de branchages près de votre potager, en plus des abeilles, d’autres insectes auxiliaires pourront s’y cacher. Installez les hôtels de préférence avant l’hiver pour permettre l’hivernation en sécurité.
  • Conservez si vous en avez de grands arbres creux, ce sont de véritable puis de biodiversité et l’habitat naturel des abeilles sociales.
  • Bannissez les traitements chimiques, qui affaiblissent le système immunitaire de l’abeille… Et le vôtre aussi.
    Si vous êtes piqués par l’amour de l’abeille, vous pouvez installer une ruche de biodiversité dans votre jardin (attention quand même à la proximité avec les voisins). Cette ruche, non-récoltée, contribue à la régénération de la population d’abeille.